En entrant dans l’abbatiale, le visiteur découvre un léger scintillement mécanique, comme si des insectes l’habitaient, qui l’accompagne au fur et à mesure de la traversée de la nef au chœur sous un plafond de feuilles de monnaie-du-pape (Lunaria) vibrantes. Ces feuilles, 1122 exactement, sont suspendues par des fils de cuivre aux sept arches de la nef. Des impulsions électriques transmises par les fils génèrent la vibration des feuilles qui, telles des membranes de haut-parleur, se mettent à produire un son.
Constituée en partie d’éléments organiques (des feuilles de monnaie-du-pape) , l’installation est conçue pour ce lieu selon une temporalité définie. Les feuilles changeront légèrement de couleur et de forme durant les trois mois d’exposition.
L’utilisation d’éléments naturels en dialogue avec les matériaux industriels souligne l’aspect éphémère de l’installation et permet à l’artiste d’interroger la panoplie de possibilités que lui offre l’interaction de ces matériaux pour la production de sonore. Le visiteur découvrira par son déplacement que chaque feuille a sa propre fréquence de résonance, liée à sa dimension et à sa forme.

Alors que le visiteur se laisse emporter dans la profondeur du son, il se fait surprendre par une nouvelle couche sonore qui emplit soudainement l’intérieur de l’église. Rudy Decelière a construit et programmé un mécanisme – Allotopie III-qui actionne l’orgue baroque dont est doté l’abbatiale, toutes les 20 minutes, en posant un accord unique sur une durée de 4 minutes. Le son volumineux et uniforme de cet orgue automatisé subit des micro-variations en fonction du déplacement du spectateur, grâce à l’acoustique particulière du lieu. Ainsi l’espace de l’abbatiale devient audible et le visiteur apparente le son des vagues au milieu d’un océan à la propagation du son dans l’espace.